Explorez l’Univers en réalité virtuelle

Date 12.10.2021
Texte Hillary Sanctuary
Photo Alain Herzog / EPFL
Envie de voyage dans les confins de l’Espace ? C’est désormais possible sans quitter la Terre avec le puissant logiciel open source VIRUP, qui construit en temps réel un Univers virtuel basé sur les données cosmologiques et astrophysiques contemporaines les plus détaillées.

 

Vous flottez dans l’Espace, juste au-dessus de la Terre. La Station spatiale internationale est à portée de bras. Vous tournez la tête, ne voyez que la Lune, un petit cercle perdu dans le lointain. Vous ne pouvez vous empêcher de penser que c’est probablement ce qu’un astronaute percevrait pendant une sortie extra-véhiculaire.

C’est le début d’un voyage spatial dans l’environnement virtuel des scientifiques de l’EPFL.

Pour la première fois, vous pouvez pénétrer l’Univers virtuel le plus complet, basé sur les données astrophysiques et cosmologiques les plus récentes, grâce au puissant logiciel open source du Laboratoire d’astrophysique (LASTRO) de l’EPFL. Appelé VIRUP, pour « VIRtual Universe Project », il est disponible dès aujourd’hui en version beta.

« Vous pouvez naviguer sur la carte la plus détaillée de l’Univers, confortablement installé à la maison, explique Jean-Paul Kneib, directeur du LASTRO. C’est une occasion de voyager à travers l’espace et le temps, et de découvrir l’Espace. »

Dans ce dossier
  • Archaeology of Light
  • Simulations et données astrophysiques et cosmologiques

Les scientifiques expliquent l'importance de l'exploration des données grâce au Big Data.
Les scientifiques expliquent l'importance de l'exploration des données grâce au Big Data.
(De gauche à droite:) Florian Cabot, Sarah Kenderdine, Yves Revaz et Jean-Paul Kneib, sous une projection de l'univers virtuel dans un dôme.  Photo credit: Alain Herzog / EPFL.
(De gauche à droite:) Florian Cabot, Sarah Kenderdine, Yves Revaz et Jean-Paul Kneib, sous une projection de l'univers virtuel dans un dôme. Photo credit: Alain Herzog / EPFL.

Le défi VIRUP : visualiser des teraoctets de données en simultané

Les astronomes et les astrophysiciens collectent des données sur des milliards d’objets célestes, dans le ciel nocturne, avec des télescopes sur Terre et dans l’Espace. Nous avons cumulé des décennies d’observation. Prochainement, on s’attend à recevoir de plus grandes quantités de données encore.

Pour convertir de grandes quantités de données en représentations visuelles, comme dans un film, on produit généralement des séquences spécifiques à l’avance. Mais peut-on générer une représentation en temps réel, comme si l’on se trouvait en tant qu’observateur à un point quelconque de l’espace et du temps ? Avec VIRUP, c’est ce qu’a entrepris de faire Yves Revaz, astrophysicien au LASTRO, secondé par l’ingénieur informaticien Florian Cabot. Il s’agit de générer 90 images par seconde, avec des teraoctets de données. Cette contrainte répond aux exigences de l’environnement de réalité virtuelle, pour fournir une expérience fluide et immersive.

(De gauche à droite:) Florian Cabot, Sarah Kenderdine, Yves Revaz et Jean-Paul Kneib, sous une projection de l'univers virtuel dans un dôme. Photo credit: Alain Herzog / EPFL.

“C’est une occasion de voyager à travers l’espace et le temps, et de découvrir l’Espace..”

– Jean-Paul Kneib.

Un environnement flexible et immersif

Pour une expérience totalement immersive, en 3D et à 360 degrés, vous aurez besoin d’un casque de réalité virtuelle et d’un ordinateur pour lancer le moteur de VIRUP, ainsi que d’un large espace de stockage pour les teraoctets de données astrophysiques et cosmologiques.

VIRUP peut aussi générer des univers virtuels dans d’autres environnements, comme un dôme pour des sites physiques tels que des planétariums, ainsi que des caves et demi-caves. De l’expérience plutôt personnelle et solitaire des casques de réalité virtuelle, jusqu’à celle plus collective et théâtrale des dômes et des caves, la transition est rendue possible grâce à une collaboration entre le LASTRO et le Laboratoire de muséologie expérimentale de l’EPFL (eM+), financée par un fonds de démarrage de l’EPFL pour favoriser les projets interdisciplinaires.

« Avec ce système immersif, vous pouvez incarner les données, ce qui a de profondes répercussions sur la manière dont vous les percevez », commente Sarah Kenderdine, artiste et directrice de eM+.

“Vous pouvez incarner les données. »

– Sarah Kenderdine

Archaeology of Light

Photo LASTRO / EPFL
"Archaeology of Light" est un court métrage immersif qui retrace une visite à travers l'étendue des données cosmologiques et astrophysiques. Voyagez à travers cet univers virtuel, à partir de la planète bleue que nous appelons la Terre.

Un court métrage accompagne la sortie de VIRUP. Intitulé « Archaeology of Light », il fait la démonstration d’un périple à travers l’univers virtuel.

Depuis la Terre le film déroule un voyage de 20 minutes à travers les diverses échelles de l’Univers, du système solaire à la Voie lactée, jusqu’à la toile cosmique et aux lumières reliques du Big Bang.

Regardez le trailer de "Archaeology of Light".

 Le film est disponible en 2D, en stéréo 180° et en 360°, sur  la chaîne YouTube du Laboratoire d’Astrophysique de l’EPFL

 

Regardez le trailer de "Archaeology of Light".
Watch the 2D version of "Archaeology of Light" on YouTube.

Pour faire l’expérience de VIRUP dans un dôme, un système immersif en développement au laboratoire de muséologie expérimentale de l’EPFL, il vous faudra patienter jusqu’à la prochaine exposition de l’EPFL, Cosmos Archaeology: Explorations in Space and Time, qui s’ouvrira en 2022 à EPFL Pavilions. Le spectacle a lieu en ce moment au dôme Synra du Musée de la science de Tokyo, et se tiendra à Dubai en octobre prochain dans le cadre du EPFL’s Virtual Space Tour.

Regardez "Archaeology of Light" en VR180.
Regardez "Archaeology of Light" en VR180.

Regardez "Archaeology of Light" en 360°.
Regardez "Archaeology of Light" en 360°.

Regardez le trailer de "Archaeology of Light".
Regardez le trailer de "Archaeology of Light".

Simulations et données astrophysiques et cosmologiques

Photo LASTRO / EPFL
Une exercice de visualisation de données, VIRUP est un nouveau moteur graphique conçu pour lire les données astrophysiques et cosmologiques, y compris les simulations.

« La visualisation des données astrophysiques est bien plus accessible que les graphiques et les chiffres. Elle contribue à développer notre intuition de ces phénomènes complexes, explique Yves Revaz. VIRUP peut justement rendre l’ensemble de ces données astrophysiques accessibles à tous. Cela deviendra de plus en plus important, alors que nous construisons des télescopes plus imposants encore, comme le Square Kilometer Array, qui vont générer d’énormes quantités de données. »

Pour l’heure, VIRUP peut déjà visualiser les données issues de huit banques. Le Sloan Digital Sky Survey comprend plus de 50 millions de galaxies et 300 millions d’objets en général. Les données de Gaia contiennent plus de 1,5 milliard de sources lumineuses dans la Voie lactée. La Mission Planck déploie un satellite qui mesure les premières lumières après le Big Bang, désignées sous le terme de fond diffus cosmologique. Notons également le Open Exoplanet Catalog, qui agrège diverses sources de données sur les exoplanètes. D’autres banques incluent un répertoire d’environ 3000 satellites en orbite terrestre, ainsi que des textures pour représenter les objets.

Yves Revaz, devant une installation immersive de l’univers virtuel.  Photo: Alain Herzog / EPFL.

Yves Revaz navigue dans une installation interactive de l'univers virtuel. Photo : Alain Herzog / EPFL.

 

VIRUP génère aussi des répertoires de données contemporains et de robustes simulations scientifiques. On peut contempler la future collision de notre Voie lactée avec Andromède, la galaxie voisine également connue sous le nom de M31. On peut aussi voir d’énormes portions de la toile cosmique — les structures filamentaires à grande échelle qui s’étendent au travers de l’Univers — et leur formation pendant des milliards d’années, grâce aux simulations tirées d’un répertoire appelé IllustrisTNG, qui consiste en 30 milliards de particules simulées. L’un des défis principaux est d’assurer une transition fluide entre les diverses banques de données.

 

« Nous pensions utiliser des moteurs graphiques pour visualiser les données, mais en fin de compte, j’ai dû en développer un spécialement pour ce projet. Il est flexible, on peut ajouter les données à mesure qu’elles deviennent disponibles, et il est taillé sur mesure pour l’astronomie, explique Florian Cabot. Pour cette première version de VIRUP, j’ai mis l’accent sur la visualisation des données statiques. L’interaction avec les données est encore un peu rustique. On ne peut pas encore voir les simulations en temps réel, par exemple. »

 

Bien sûr, il n’est possible de naviguer qu’à travers les données et simulations importées dans VIRUP. Par exemple, on peut visiter les 4500 exoplanètes découvertes à ce jour, mais leur apparence résulte d’une interprétation artistique, dérivée des observations. On peut aussi se promener à travers les quelque 50 millions de galaxies mesurées par le Sloan Digital Sky Survey, mais les données réelles fournissent une résolution limitée. Cela restreint la quantité de détails des représentations virtuelles. Cela dit, il reste encore un énorme volume de données que l’on pourrait explorer avec VIRUP. Les prochaines étapes prévoient l’inclusion de banques d’objets appartenant au système solaire, tels que des astéroïdes, ainsi que divers objets galactiques comme des nébuleuses et des pulsars.

 

Yves Revaz navigue dans une installation interactive de l'univers virtuel. Photo : Alain Herzog / EPFL.

“Visualization of astrophysical data is much more accessible than showing graphs and figures. »

– Yves Revaz.